Festival de Pompignac

Ma femme est folle. Elle travaille toute la semaine, et le week-end, au lieu de se reposer, de faire son jardin ou de regarder la télé comme tout le monde, non ! elle s’en va à 200 kilomètres d’ici, pour assister à un festival ! N’importe quoi ! En plus, c’est un festival de théâtre ! oui ! oui ! du théâtre non-stop pendant deux jours, DEUX jours ! 13 spectacles, qu’elle a vu ! En plus, c’est même pas du vrai théâtre, c’est des amateurs !
Aller voir un match de rugby au stade, ça, je dis pas, mais du théâtre amateur ! je savais même pas que ça existait !
Apparemment, il y avait quand même du monde dans la salle, même qu’il fallait payer pour voir ! les gens sont bizarres, hein ? Bon, il paraît que le buffet était sympa…
Elle a pas arrêté de m’en farcir les oreilles toute la soirée quand elle est rentrée : ils avaient même pas fait attention à inviter des spectacles pareils ! y avait des adultes, mais aussi des ados et des gamins ! pauvres gosses, les priver de télé un dimanche ! et puis il y avait des spectacles bien finis, bien rôdés, mélangés avec des spectacles en cours, tu parles, ça devait être bien pour les spectateurs ! ils devaient être très polis, hein, parce que personne s’est barré !
Ce que je trouve bizarre, c’est qu’elle ait aimé ça, ma femme, elle dit qu’elle aime le théâtre, mais, ça, c’est pas vraiment du théâtre, ou alors, il y a quelque chose que j’ai pas compris…
D’ailleurs, ses copines aussi elles avaient l’air d’être contentes, des comédiennes de la troupe à ma femme, elles aussi elles ont sacrifié un week-end pour aller là-bas ! Elles ont trouvé ça bien, il paraît que chaque spectacle avait … comment elles disaient déjà ? ah oui : une « tonalité bien différente », « une ambiance particulière », elles causent comme ça les copines à ma femme…
Au fait, je vous l’ai pas dit, ça s’appelle les Pompign’actes, leur zinzin ! tu parles d’un nom !

Quand même, je trouve qu’elle a une drôle de petite lumière dans les yeux, ma femme, depuis qu’elle est revenue de Pompignac.
Faudra que j’y aille, moi aussi, l’année prochaine ; on sait jamais, peut-être qu’il s’y passe vraiment quelque chose, va savoir…

Signé : le mari d’une comédienne « De But en Blanc » qui veut rester anonyme