MAGESCQ LE 6 JUIN 2015

Nous étions dans le hall de la mairie ce samedi 6 juin, et voici l'article que Marie, la responsable de la médiathèque, a écrit après notre spectacle … merci à elle !

 
"Après avoir accueilli pendant une semaine les oeuvres originales de 30 artistes locaux, la scène de la Mairie de Magescq recevait samedi soir et pour la deuxième fois la Compagnie dacquoise "De but en blanc" pour "Le procès de Barbe-Bleue".
La médiathèque continue de proposer différentes sortes de lectures, musicales, théâtralisées, à la découvertes d'auteurs et de textes, intemporels ou contemporains.
Changement de décor donc, avec la mise en scène très sobre d'Evelyne Flachat, éclairage aux bougies, tenues noires pour les comédiens, avec une pointe de rouge pour les prélats, et une seule note blanche, le spectre de Jeanne (d'Arc).
Car le procès est celui de Gilles de Rais, maréchal de France, revisité par la plume ciselée de Thierry Rousselet (présent à la soirée) : tantôt flamboyante, tantôt crue, toujours magnifique, elle a tenu en haleine le public venu nombreux, étonnament pour une lecture théâtralisée aussi peu confortable! C'est peu dire car rien ne nous a été épargné des dérives monstrueuses du seigneur de Rais : comment cet ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, qui a contribué à chasser l'Anglais et rétablir le Roi de France sur son trône, en est arrivé à autant de connivence avec le Mal?
Portrait un bref instant à décharge quand il évoque son enfance sans amour dans l'une des familles les plus riches du royaume, l'acharnement de tous à le ruiner, le manque de reconnaissance.
L'auteur propose de belles scènes , quand il vend son âme au diable, quand le spectre de Jeanne lui apparaît et le conjure de redevenir celui qui a combattu auprès d'elle, quand son procès l'oppose à l'Eglise toute puissante et donne lieu à une attaque en règle des puissants par son mauvais génie Toscan.
Ce texte puissant est porté par des comédiens inspirés, habités, scandé par les plaintes et les cris du coeurs des femmes, mères devenues folles de douleur.
Il nous interroge, en nous montrant la face la plus noire des Hommes. Comment passe-t-on de l'ordinaire à la monstruosité?
Pourquoi malgré les Révolutions et les siècles qui passent, l'humanité reste oublieuse de ses souffrances et répète les mêmes atrocités? Et notre époque, dite civilisée,  l'est-elle vraiment au vu de notre actualité?

Merci à cette troupe de nous questionner d'aussi belle façon, pour ses choix osés mais aussi pour son inébranlable optimisme.
Rendez-vous est pris pour leur prochaine création..."